Bernard Lubat, fondateur du festival d'Uzeste :
Moi je ne suis pas croyant, je suis pratiquant. Je ne crois en rien, même pas en la musique, même pas en l'art - mais je pratique. Je pratique mes contradictions. Je n'ai aucune idéologie à vendre ou à expliquer, je n'ai que mes pratiques à proposer. Et cette façon de se mettre en résonance, ce n'est pas que de la générosité et de la convivialité: c'est aussi de la cruauté, de la crudité - parce que, pour y parvenir, il faut à un moment échapper à sa propre image, à sa propre dictature, évacuer la peur du genre 'Qu'est-ce qu'on va penser de moi ?'.
Il faut échapper à la vanité ordinaire. Bien se mettre dans le crâne que la musique ce n'est pas de la représentation ni de l'autocélébration. C'est pour ça qu'il faut continuer de ne pas savoir.
Entre ignorance et connaissance, il faut laisser les portes ouvertes.
La connaissance, si ça ne sert pas à se propulser dans l'ignorance, c'est du capitalisme, tout simplement. Alors tu grossis, tu fous tes capitaux à la banque, tu fais carrière et tu 'sais'. Moi je préfère continuer d'improviser ma vie, d'aller à la rencontre de ce qui m'arrive. Je n'ai pas d'autre issue: Je n'ai pas 'ma' musique, je n'ai pas 'mon' œuvre, tout reste à faire...".